Il a débarqué sur Paris en octobre 2017 en conquérant du marché des VTC... Fort du soutien de la startup chinoise Didi, valorisée à plus de 50 milliards de dollars (startup la mieux valorisée au monde, derrière... Uber). Ce nouvel acteur, c'est Taxify, startup estonienne ambitieuse, comme son fondateur de 23 ans : Markus Villig.

Taxify à la conquête de l'Europe

Il faut bien avouer que cette entreprise a fait fort depuis sa création en 2013. Elle est très bien installée en Europe de l'Est où elle sponsorise les chauffeurs en leur louant un véhicule à très petit prix.

Son arrivée sur le marché londonien en septembre 2017 a fait grand bruit. Elle compterait déjà plus de 3000 chauffeurs connectés dans cette capitale anglaise.

Son arrivée à Paris fait donc trembler légitimement le géant Uber. Didi, son rival mondial, l'a déjà éjecté du marché chinois en s'y installant avec, désormais, 90% de parts de marché ! Moins connu par nous autres, occidentaux, Didi est leader dans une grande partie du monde.

Taxify, sa branche armée européenne, a clairement annoncé ses ambitions de conquête européenne à tout prix. Des tarifs agressifs, des chauffeurs subventionnés : Taxify affute ses armes.

Pour le mois de son arrivée, les courses étaient à moins 50% (la différence étant payée par la startup au chauffeur). Toujours aujourd'hui, nombre de codes de réductions circulent sur le web, offrant des réductions ou même des petites courses offertes...

En règle générale, le prix des courses avec Taxify est environ 10% moins cher que ses concurrents. Dans un même temps, Taxify ne prend - pour le moment - que 15% de commissions à ses chauffeurs, contre 25% pour Uber, et une moyenne de 20% pour les autres acteurs majeurs. Ils permettent aussi un paiement en espèces.

Taxify cible les 20% de parts de marché en un an sur Paris. Il pourrait très bien y parvenir avec un tel positionnement.

Taxify : un nom qui prête à confusion

En fin novembre 2017, un VTC de Cherbourg se retrouvait au tribunal car son nom d'entreprise contenait le terme "taxi". Mais cette petite entreprise a fait front devant le groupement de taxis de la ville de Cherbourg et a été relaxé ! Le terme dans son nom "Taxi Driver" a été considéré comme un terme générique et, ne présentant pas l'enseigne lumineuse sur son véhicule, il ne pouvait pas être confondu avec un taxi réglementé.

Il n'empêche que le groupement des taxis de Paris a saisi la DGCCRF pour demander une annulation du nom Taxify qui prêterait volontairement à confusion dans les activités. Ce auquel Taxify répond qu'elle offre ses services à tout le monde... y compris aux chauffeurs de taxi !

Taxify et l'avenir des VTC

Le marché du VTC, avec ces acteurs techs, est tiré, de plus en plus, vers le low cost. Ce qui faisait la différence, en matière de qualité, par rapport aux taxis, s'efface de plus en plus.

D'une part, les taxis font des efforts pour s'aligner, notamment sous la coupelle de G7. D'autre part, la guerre des prix oblige les chauffeurs à rogner sur les petits plus. Certains ne fournissent plus les boissons. Le niveau d'entretien et de qualité des voitures va à la baisse. La cravate s'est envolée pour nombre d'entre eux.

Cela tend à mener vers un marché bas de gamme comme on le constate déjà sur les Uber de nombreux pays.

Ceci tout en utilisant l'engouement des utilisateurs pour les accoutumer à l'utilisation de leurs services pour, ensuite, stabiliser leurs marges.

Le chauffeur, dans cette stratégie, n'est qu'un élément, bien moins important que l'un de ses algorithmes. Ce n'est pas pour rien que, tant Uber que Didi mettent d'énormes forces dans le développement de solutions à base de véhicules autonomes.

Les critères éthiques étant un argument de plus en plus prépondérant pour la jeune génération, ces géants pourraient subir des retournements partiels de situation. C'est d'ailleurs sur ce critère que se démarque l'acteur français : Chauffeur Privé.

Allocab aussi veut montrer son positionnement légèrement haut de gamme.

Dans cet horizon où les géants des GAFA américains et des BATX chinois déferlent comme des raz-de-marée, ceux qui gardent le côté humain, proche et ne rognant pas sur le service et la qualité pourraient être les seuls à tirer leur épingle du jeu.